Publié dans Politique

Crise de l'eau à Antananarivo - Répartition inéquitable de l’or bleu

Publié le samedi, 09 novembre 2024

Antananarivo et ses environs se retrouvent une fois de plus plongés dans une crise aiguë d'approvisionnement en eau. Face à la vétusté du réseau de distribution et des pannes répétées, la JIRAMA, compagnie nationale d’eau et d’électricité, se voit contrainte d'instaurer des mesures radicales. Avec un déficit de production atteignant 100 000 m³ par jour, les autorités n'ont pas d'autre choix que de rationner la distribution d'eau dans la Capitale. La situation est critique : les machines fonctionnent à plein régime, mais cela ne suffit toujours pas à répondre à la demande. La production actuelle, limitée à 200 000 m³ par jour, est loin de combler les besoins quotidiens qui s’élèvent à 300 000 m³.

« L'écart entre la demande et l'offre est abyssal », reconnaît-on du côté de la JIRAMA qui précise que même cette quantité réduite d’eau n’est pas toujours distribuée équitablement. Pour faire face à cette situation de plus en plus intenable, des « tours d’eau » ont été mis en place. Ces rationnements, comparables aux délestages électriques, visent à assurer un minimum d’approvisionnement en eau pour tous les quartiers de la Capitale.

« Sans ce système, la pression de l’eau serait trop faible pour tout le monde », confie un responsable technique. En d’autres termes, ces coupures sont désormais inévitables pour éviter une rupture totale du service. Les quartiers périphériques, particulièrement ceux en altitude, sont les plus touchés. La vétusté des conduits, combinée à des pertes d’eau massives, environ 40% de la production quotidienne, aggrave la situation. « Certaines conduites sont obstruées ou trop petites, ce qui ralentit l’arrivée d’eau dans certaines zones. Et quand elle arrive, la pression est dérisoire », note un technicien. Cela fait plus d’une décennie que certaines zones subissent ces coupures répétées. 

Solution d’urgence

Malgré la présence de stations d'alimentation dans des zones périphériques comme Vontovorona ou Ankadivoribe, elles ne couvrent qu'un faible pourcentage de la demande totale. La majorité de l'approvisionnement en eau du Grand Tanà reste assurée par la station vétuste de Mandroseza qui ne peut plus répondre aux exigences croissantes d'une population en pleine expansion. Par ailleurs, la forte consommation d'eau de certains foyers accentue les inégalités dans la répartition. « C’est une question de gestion équitable des ressources », lâche un expert en hydrologie, soulignant la nécessité d'une révision des priorités dans l’utilisation de l’eau. Cependant, tout n’est pas sombre. Le Centre opérationnel « Rano » (COR), lancé sous l’impulsion présidentielle, a permis une amélioration notable de la distribution d’eau à Antananarivo. En moins d'un mois, grâce à la mobilisation de centaines d’agents civils et militaires, et à l’utilisation de camions-citernes et de motopompes, la distribution d'eau a augmenté de manière significative. En effet, elle est passée de 200 m³ à plus de 1 000 m³ par jour, atteignant parfois jusqu’à 1 436 m³. Cette intervention a apporté un soulagement temporaire. Mais la crise demeure profonde. Les efforts des autorités notamment ceux du ministère de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène, se poursuivent pour tenter de stabiliser l’approvisionnement en eau dans la Capitale. Pourtant, la population reste sceptique. Pour beaucoup, ces solutions d'urgence ne sont que des palliatifs temporaires face à une crise structurelle qui nécessite des réformes de fond. Mais pour l’instant, Antananarivo, en proie à des coupures d'eau fréquentes, attend encore une réponse durable à cette situation devenue intolérable pour ses habitants.

 

Hary Rakoto

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Editorial

  • Secteur en panne !
    En mauvaise posture, le secteur éducatif malagasy va de mal en pis. Tel un navire en panne, en Haute mer, le moteur bloqué, l’équipage perd le contrôle. Le bâtiment tangue de gauche à droite. A la dérive, il risque le naufrage. A l’époque coloniale, l’instruction publique représentait l’un des principaux points d’achoppement du pouvoir en place. A l’aube de l’occupation, le Général Gallieni, premier gouverneur général de Madagasikara, se heurtait à une difficulté majeure : déterminer quel type d’instruction ou quel modèle d’enseignement, devrait être appliqué dans la colonie (Madagasikara) ? Un enseignement élitiste, de haut niveau, ou un enseignement élémentaire, rudimentaire ? Et encore « quelle langue d’enseignement adoptée ? » Deux grandes orientations ont été primées par le Général gouverneur : dispenser un enseignement pour un cursus éducatif de haut niveau pour les enfants des colons. D’où la création des lycées à Antananarivo, le lycée Gallieni (1908) et…

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